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Lecture sur les enjeux de la coopération à distance : préjugés et controverses

Introduction


La gare centrale, que vous allez découvrir au fil de ces modules, est un choix pour outiller la coopération à distance. Elle fait le pari de profiter des possibilités des outils numériques pour faciliter la convivialité et la coopération. La question du numérique comme facilitateurice de la coopération est riche de controverses, d'a-prioris et d'expériences de vies marquantes, positivement comme négativement. Ces outils sont des pharmakons : à la fois remèdes, poisons et boucs émissaires.

Nous allons donc parcourir certains des à-priori les plus entendus sur ce sujet pour chercher à rentrer dans la complexité de ceux-ci. La réponse juste à la question « faut-il utiliser des outils numériques pour faciliter la convivialité et la coopération dans un collectif ? » n'est ni absolument « oui » ni totalement « non ». Selon nous, la réussite de l'intégration d'outils numériques dépend d'un grand nombre de paramètres que nous allons détailler, et d'une culture mixte « numérique et coopération » que nous allons cultiver ensemble.


charge mentale, organisation perso, hygiène digitale

Les premiers pas du travail à distance s'articulent souvent autour du duo d'outils : mails + visio.
Ensuite le collectif a deux options :
  • poursuivre avec ces deux seuls outils et laisser peser sur chaque individu la charge d'organiser son travail avec le groupe. Par exemple, chaque membre va se demander quoi faire des documents mis en pièces jointes des mails reçus : les enregistrer ? Puis le refaire si une nouvelle version arrive ? Selon quelle logique de classement ? Ce qui peut amener charge mentale, lassitude et infobésité.
  • réfléchir collectivement et de façon approfondie aux outils numériques de coopération. Discuter ensemble des outils utiles revient à prendre du recul sur notre manière de fonctionner : une bonne occasion de parler des règles du jeu et ainsi mieux vivre l'implication.

Si le fameux "mail+visio" a ses limites c'est qu'il mélange plusieurs usages qui devraient être distincts :
  • créativité : créer des contenus, échanger des idées
  • décision : trancher clairement entre plusieurs choix
  • apprentissage : assimiler des contenus déjà existants
  • communication : échanger des savoirs-contenus et documents
  • stockage et archivage : retrouver un contenu, une information
  • convivialité : discuter (parfois de tout et de rien)

Formuler et distinguer ces usages permet d'y voir plus clair. De même, on peut se demander ce que l'on veut faire en synchrone (pas forcément en visio !) et en asynchrone (pas forcément par mail !).

Quand le collectif est au clair sur ses besoins, ses usages et leurs modalités, la collaboration à distance peut être source de plaisir et d'efficacité. Il est possible de construire une suite d'outils aussi simples que le duo "mail+visios" et qui permette à chacun.e de trouver son rythme et sa place juste. La gare centrale que nous allons découvrir tout au long de cette formation en est l'un des blocs majeurs.

La question de la convivialité est au cœur des processus collectifs. Dans le monde associatif, c'est même souvent cette quête de convivialité, associée à la quête d'utilité, qui motive l'action collective.

En 1973, Ivan Illich a popularisé et défini plus finement la convivialité et son interaction avec les outils. Cette convivialité embarque les notions d'autonomie, d'interdépendance et de lien collectif aux outils. C'est une extrapolation politique de la définition de convivialité plus joviale de Brillat-Savarin en 1830. Ce dernier la définissait comme "le plaisir de vivre ensemble, de chercher des équilibres nécessaires à établir une bonne communication, un échange sincèrement amical autour d'une table".

Dans le monde contemporain, le fait qu'un outil numérique devienne un frein à la convivialité est une manifestation concrète de ce qu'Illich appelait la "contreproductivité de l'outil" : à un certain moment du développement industriel d'une société, les institutions et outils mis en place par cette dernière deviennent inefficaces et apportent plus de freins que de facilités à la satisfaction d'un besoin. C'est le cas quand :
  • l'école uniformise, discrimine et exclut au lieu de former,
  • la voiture immobilise au lieu de transporter,
  • la médecine rend malade au lieu de soigner,
  • l'énergie met en danger au lieu de contribuer au confort.

Le juste usage des outils numériques pour faciliter la convivialité est au cœur des réflexions de multiples collectifs du milieu "libre" et du monde de l'éducation populaire au numérique.

Voilà quelques questions que nous pouvons nous poser, pour vérifier si nos outils ont un effet salutaire sur la convivialité d'un groupe et l'autonomie de ses membres :
  • Nos outils numériques et nos pratiques à distance permettent-elles de faire à distance ce qui aurait pris du temps en présentiel, in fine au détriment de moments conviviaux ?
  • Nos outils numériques permettent-ils de cultiver l'interconnaissance et l'autonomie de chacun.e, lorsque la réunion physique est impossible ?
  • Nos outils numériques rendent-ils possibles l'expression orale ou la participation de celleux plus introverti.e.s pendant les temps en présence ?
  • Nos outils numériques permettent-ils à des publics concernés par nos actions mais éloignés physiquement de se joindre aux démarches ?

Comme dans beaucoup de sujets complexes, les effets bénéfiques de ces outils n'annulent pas les effets néfastes qu'ils peuvent avoir par ailleurs. Cependant, un groupe qui a conscience à la fois des effets néfastes et des effets bénéfiques des outils numériques sur la convivialité au sein du groupe a davantage de leviers à mobiliser pour aller vers la situation idéale et prévenir les dommages.

La Gare Centrale, pensée comme la porte d'entrée vers l'ensemble des outils d'un collectif, peut servir de "détecteur" de la convivialité de nos outils et usages : néanmoins, si accéder à un outil est difficile, si l'explication de son usage à toustes n'est pas rendue accessible et aisée ou encore si la gare centrale devient difficile à trier à cause du "trop-plein", alors il est temps de se reposer les questions de la contre-productivité de nos outils.
L'illectronisme et la surcharge informationnelle sont de vrais sujets de société à ne pas prendre à la légère. Les quelques études récentes sur le sujet permettent de sortir des à-priori que nous nous en faisons : non, ce ne sont pas "les vieux qui ne sont pas à l'aise avec internet" ! Il existe de fortes inégalités d'agilité et de culture numérique en fonction des revenus, des environnements socioculturels, des modes de vie...

Les troubles occasionnés par l'excès d'usage de ces outils numériques, comme l'addiction au smartphone et aux réseaux sociaux (la nomophobie) et les troubles du déficit de l'attention peuvent survenir à tous les âges. Ils sont simplement davantage surveillés et donc diagnostiqués chez certains publics (les enfants, les personnes atteintes d'un trouble du spectre autistique, ...).

Alors évidemment, les outils numériques sont parfois envisagés avec méfiance et difficiles à accepter dans un quotidien déjà très "numérisé". Fondamentalement, ce n'est pas le nombre d'outils qui est en cause, mais l'inadéquation entre les usages et les outils et donc le trop plein d'outils non-conviviaux dans nos quotidiens. Quand un usager ne comprend pas pourquoi un outil existe, et qu'il ne permet pas un quotidien plus doux, alors il est perçu comme en trop.

Il est possible d'instaurer quelques rituels collectifs pour dépasser l'idéal de l'engagement naturel et de l'inclusivité inconditionnelle tout en prenant soin de la surcharge mentale et des disparités d'agilité. Même si nos outils numériques sont conviviaux et utilisés consciemment, il est en effet nécessaire, comme pour tout autre outil technique, d'en passer par des phases d'apprentissage, de partage d'expériences et d'adaptation de l'outil à l'usage. Plus ces processus sont anticipés et facilités, plus l'usage des outils numériques sera aisé, et le collectif soigneux à l'égard des personnes moins agiles.

Pour arriver à cela, il peut par exemple être pertinent de :
  • intégrer les usagers principaux à la démarche d'outillage dès son début : la vérification des usages et des besoins
  • mettre en place formellement des démarches d'entraide dans l'apprentissage des outils : une bonne excuse aussi pour créer de l'interconnaissance et de l'échange convivial
  • privilégier des temps synchrones et en présence pour présenter et apprendre un nouvel outil
  • créer des rituels de discussion à fréquence fixe autour des usages et des outils

Les deux extrêmes du curseur sont (en les poussant vraiment à l'extrême) :
  • L'accessibilité naturelle : les outils sont tous sélectionnés pour être utilisables sans explication par les personnes moins agiles du groupe.
  • L'efficacité à court-terme : les outils sont sélectionnés par les plus agiles et seuls celleux qui sont capables de les utiliser peuvent rejoindre la démarche et coopérer.

Notre future gare centrale est un moyen de positionner le curseur au juste milieu, et d'aider à appuyer ces démarches d'inclusivité et de clarification des usages.

Bien sûr que c'est aussi une question de pouvoir ! La notion de "pouvoir d'agir" revient sur le devant de la scène des dernières années, et à juste titre. Plus notre société est "outillée", plus le pouvoir glisse vers celleux qui contrôlent et produisent les outils. Dans le monde contemporain, une grande partie du pouvoir de faire est confiée aux géants du web : si google ferme son moteur de recherche et ses mails, plus de "pouvoir de" communiquer, s'informer, produire-partager de la connaissance, etc.

Dans le champ de l'éducation populaire, trois concepts de pouvoir co-existent :
  • le pouvoir "sur" : capacité de décider, d’exercer une action sur d’autres, en particulier quand cette action se fait au détriment de leur intérêt. Et c’est le plus souvent ainsi qu’est comprise la notion de pouvoir dans le sens commun.
  • le pouvoir "de" est une forme de pouvoir génératif, il désigne la capacité de promouvoir des changements, de faire. Le pouvoir est compris ici comme une énergie, une compétence.
  • le pouvoir "avec", c'est la possibilité de faire avec, de construire avec, de s’inscrire dans une démarche collective de prise en main de son avenir et de transformation sociale, le pouvoir se construisant précisément dans cet "avec", dans la relation.

Une démarche d'outillage numérique au sein d'une organisation peut catalyser ces dynamiques, pour accentuer le pouvoir "sur" ou au contraire aller vers davantage de pouvoir "de et avec" :
  • renforcer les décideurs habituels dans leur "pouvoir sur" leurs collègues, pour mettre en place des outils numériques de reporting, monitoring, surveillance, mesure.
  • faciliter les échanges et la coopération autonome, et le pouvoir "de" de chacun.e, via des outils numériques de communication de surveillance, des outils facilitateurs de la collaboration autour des travaux quotidiens.

Ces démarches sont généralement incompatibles entre elles, voire antinomiques. Par exemple, mettre des outils de reporting pour améliorer le contrôle et l'efficience mesurée d'un processus va nuire à l'autonomie et à la liberté de réorganisation naturelle du processus par celleux qui le vivent au quotidien.

Une suite d'outils numériques peut être pensée pour donner davantage de pouvoir à ceux qui font au quotidien, voire intégrer ceux "sur" lesquels on agissait pour agir "avec" eux.
De nos jours, ce sont rarement les organisations "métier" en elles-mêmes qui développent et entretiennent les outils numériques nécessaires à leurs opérations. Dans la grande majorité des cas, elles louent-achètent les licences nécessaires pour utiliser des logiciels développés par des organisations spécialisées dans l'informatique. Alors, de nombreuses questions émergent : le coût de ces outils, la propriété et la sûreté des données qui y sont liées, la nature du code et du prestataire, ...

Les différentes natures de code et les modèles économiques ?


Le code d'un logiciel est une suite d'instructions que les machines exécutent pour faire "tourner" un programme. Ce code est écrit par les équipes de développement des organisations "éditeurs de logiciel".

Un critère qui permet de différencier un logiciel-programme d'un autre est la licence sous laquelle il est distribué : qui a le droit de le lire, de le décoder, de le dupliquer et de le modifier. Dès les débuts du codage informatique sont nées les deux grandes catégories de logiciels :
  • Les logiciels open-source. L'éditeur d'un logiciel sous licence de type Open-source met à disposition de chacun.e le code informatique d'origine du programme. Donc d'autres organisations peuvent y apporter des améliorations, ou bien en auditer la qualité et la sécurité. C'est comme ça que ce code évolue, par les réactions qu'il inspire.
  • Les logiciels propriétaires. L'éditeur d'un logiciel sous licence propriétaire veut empêcher cette modification-copie-inspiration en protégeant juridiquement son code d'une licence de propriété intellectuelle classique, et faire son possible pour ne pas diffuser le code d'origine. Ce code n'évolue qu'à partir des décisions prises par les équipes de l'organisation "propriétaire" du code.

Il faut distinguer la nature du code et le modèle économique : on ne peut pas dire "open-source=gratuit" et "propriétaire=payant". De nombreux modèles économiques hybrides ont vu le jour au fil des années et sont maintenant courants : publicité, revente de données, freemium, communautaire-entreprise, abonnement, aide à l'installation et à la mise en oeuvre, SAAS, ...

Le succès d'Internet et les systèmes d'exploitation modernes (macOS, Windows, Linux) repose sur des échanges très faciles entre des machines matériellement très différentes. Cela s'appuie sur des langages et des codes "universels" communs à tous, et qui sont massivement issus des communautés open-source. Le web et les écosystèmes se sont ensuite privatisés et centralisés, pour faire des économies d'échelle et générer davantage d'argent.

Par exemple, pour consulter un mail, je vais :
  • utiliser windows, logiciel propriétaire et qui pour autant fait appel à beaucoup de logiciels et bouts de fonctionnalités open-source
  • passer par internet dont les protocoles de communication sont eux aussi sous licence ouverte
  • l'ouvrir avec un logiciel open-source comme thunderbird, ou aller sur Gmail, qui repose lui aussi à la fois sur du code propriétaire de google et de l'open-source.

Les enjeux liés aux données


Une partie des enjeux de coûts et de risques des données sont donc liés à cette complexité de l'écosystème numérique. Il existe donc trois risques principaux pour une organisation et ses outils numériques :
  • Le risque individuel du vol/mésusage de données privées : une autre organisation accède aux données et s'en sert de façon abusive soit par l'accès physique ou numérique aux données contenues dans le serveur, soit en "piratant" un utilisateur normal du logiciel.
  • Le risque collectif de la panne et/ou du vol massif de données : une faille logicielle permet à une organisation mal-intentionnée de récupérer une quantité massive de données et abuse de cette menace (diffuser, supprimer) pour en tirer avantage.
  • Le risque sociétal : des organisations massives publiques ou privées collectent des métadonnées concernant nos usages numériques et nos habitudes pros et persos. Cela provoque des mutations économiques et politiques menaçant nos libertés individuelles et notre épanouissement collectif. Nous y reviendrons plus bas.

Face à ces risques, rien ne peut garantir que ces événements n'arriveront jamais, nous avons seulement des leviers pour minimiser ces risques.

Par exemple, pour réduire le risque massif de vol de données, nous pouvons rapatrier les données contenues dans un serveur "cloud" dans une machine physiquement au bureau, mais peut-être allons nous augmenter le risque de panne ou de perte accidentelle des données.

Par rapport aux données personnelles, et à leur mésusage, deux questions interconnectées se posent :
  • Comment estimez-vous la valeur intellectuelle de vos productions ? Si vous êtes prêts à les partager à échelle humaine et sous licence libre, alors pensez à les protéger par une licence avant qu'elles ne soient récupérées et utilisées de façon marchande par une autre organisation moins scrupuleuse
  • Comment évaluez-vous à l'inverse l'importance de chaque donnée ? Qu'est-ce qui mérite vraiment d'être protégé ? Les données concernant les individus = certainement ! Les données de post-it ou de compte-rendus d'une réunion sans enjeu politique = peut-être moins ?

La gare centrale joue un rôle important dans la maîtrise de ces risques, elle facilite l'accès aux outils et données dont il a besoin pour agir. Alors la gare centrale est en même temps un outil qui peut rendre accessible à tord des données privées, et en même temps le meilleur moyen de vérifier et maîtriser les chemins d'accès à ces données.

Les systèmes numériques sont bien moins dématérialisés qu'il n'y parait. Derrière l'affichage d'une page sur mon écran, il y a en effet du code à "interpréter" par une machine alimentée en électricité, des infrastructures réseau pour faire circuler l'information, et des personnes pour prendre soin de tout ça. Quelles que soient la licence du logiciel et l’éthique de l'organisation qui l'administre, ce n'est pas possible de faire "sans" tout ce matériel. Pour autant, des ajustements peuvent se faire à différents niveaux de cette chaîne, pour aller vers davantage de sobriété : quelle électricité, quel matériel pour les serveurs, quelles fonctionnalités et donc quelle intensité d'usage, quel degré de maintenance et quelle tolérance aux pannes et interruptions de service, ... ?

L'Internet de masse étant en très grande partie possédé et administré par des organisations à but lucratif massives et sur-puissantes, les enjeux de sobriété sont loin d'être la priorité. La priorité est donnée à la "nouveauté" des fonctionnalités, à l'efficacité par la multiplication des redondances, à la collecte de métadonnées et à la vitesse absolue du réseau. C'est cet objectif de générer toujours plus de revenus et les moyens qui y sont associés qui conduisent au développement technologique continu dans les réseaux (fibre, 5g, starlink) et dans les matériels (smartphones à renouvellement accéléré, objets connectés, ...). Ce développement continu entraîne une consommation énergétique et de ressources fossiles finies exponentielle. Cela rend aussi techniquement impossible de recycler ces matériels, devenus trop miniaturisés. Les progrès techniques marginaux dans l'efficacité énergétique des matériels sont de très loin effacés par l'accroissement du nombre d'objets connectés et du flux de données.

Cette croissance des consommations liées au "numérique" ne provient d'ailleurs que très peu de l'accroissement démographique. Elle provient plutôt de la miniaturisation excessive, de la multiplication du nombre d'objets numériques par personne dans les pays du Nord.

Face à cette situation, l'alternative n'est pas nécessairement l'arrêt net de tout usage des technologies numériques, mais plutôt un recours plus modéré à ces outils : des matériels récupérés et conçus pour durer et être réutilisés-recyclés, des réseaux à plus petite échelle et plus faible débit, des redondances mesurées, des usages réfléchis. C'est par exemple la proposition qui est faite par le collectif CHATONS : des hébergements locaux pour des outils numériques conviviaux, administrés par celleux qui les utilisent, sur des matériels sobres et utilisés durant bien plus longtemps.
Nos organisations ont un grand pouvoir dans la construction durable de ces systèmes numériques durables et éthiques : ces systèmes se montent à échelle humaine donc quelques dizaines/centaines d'usagers soutenant supplémentaires peuvent réellement contribuer à pérenniser des logiciels et des infrastructures utiles à tous. Le système du numérique commercial centralisé se nourrit et tire son modèle économique d'une grande quantité de données et d'usagers homogènes. Alors que les systèmes numériques éthiques sont friands d'usagers singuliers attentifs et contributifs.